Ce billet thématique sort du cadre habituel de ce blog. Juste pour le plaisir des yeux...
A - Regalia de la Couronne de France
B - Joyaux de la Couronne de France
ou "Diamants de la Couronne"
ou "Diamants de la Couronne"
A - Regalia de la Couronne de France
Dessin de la Sainte Couronne de France (ou couronne de Saint Louis) réalisé d'après le tableau
de Pourbus. Détruite à la
Révolution (aquarelle, B.N.F.)
L’émeraude dite de Saint Louis (ornait la Sainte Couronne du royaume de France). Collection Muséum national d'Histoire naturelle de Paris
L’émeraude dite de Saint Louis (ornait la Sainte Couronne du royaume de France). Collection Muséum national d'Histoire naturelle de Paris
Reconstitution
de la couronne dite "de Charlemagne", et de la couronne des reines.
Créées pour Philippe Auguste (XIIe), détruites pendant les guerres de Religion.
Gouache de Félix Comte, d'après Bernard Morel.
Main de Justice des rois de France (13e s. - détruite à la Révolution), et Sceptre de Charles V. Aquarelle de Roger de Gaignières (17e).
Sceptre de Charles V. Surmonté d'une figure de Charlemagne.
Or, perles, pierres précieuses. (Avant 1380 - Louvre)
Couronne d'Henri IV (d'après Félibien), détruite à la Révolution. Avec le fermail du sacre (ancien Trésor de Saint-Denis)
Main de Justice et Sceptre d'Henri IV (d'après Félibien), détruits à la Révolution - et l'anneau du roi Saint-Louis (Louvre)
Hyacinthe Rigaud : Louis XIV en costume de sacre (1638-1715). (vers 1701 - Louvre). Remarquer le grand collier de l'Ordre du saint-Esprit et l'épée du sacre.
Regalia : Couronne, Sceptre, et Main de Justice de
Louis XIV (détail du tableau de Rigaud). Fondus à la Révolution.
Paire d'éperons d'or du sacre des rois de France,
(Louvre)
Calice du sacre des rois de France (vers 1200 - palais du Tau, Reims)
Patène de serpentine, datant du 1er siècle avant ou
après Jésus-Christ, remaniée à l'époque de Charles le Chauve (IXe siècle).
Utilisée lors du sacre des reines (Louvre)
Le Fermail du sacre, servait à
fixer le manteau. Vendu pendant la Révolution. (détail du portrait de Louis XV âgé
de 13 ans, par Alexis Simon Belle)
Fermail, dit Fermail de St Louis, provenant du trésor de l'abbaye de St-Denis (14e - Louvre). Fermail proche du précédent.
Fermail, dit Fermail de St Louis, provenant du trésor de l'abbaye de St-Denis (14e - Louvre). Fermail proche du précédent.
Jacques-Louis
David : "Le Couronnement de l'Impératrice Joséphine" (détail).
L'empereur tient la couronne de
Joséphine. Couronne exécutée par le joaillier Marguerite (fondue en 1823).
François Gérard : Napoléon 1er en costume de sacre (1805 – Fontainebleau). L'Empereur
porte les Honneurs qui seront fondus en 1819.
La Couronne de laurier et le
Grand collier de la Légion
d'Honneur, le Sceptre, la Main de Justice et le Globe, réalisés par Martin-Guillaume Biennais. Ils faisaient partie des "Honneurs de
l'Empereur". Fondus en 1819 sur ordre de Louis XVIII. (détails du tableau
de Girodet)
Novembre 2017 - Une feuille d'or provenant de la couronne de l'Empereur, conservée dans la famille de Martin-Guillaume Biennais, a été vendue pour 625 000€ (frais inclus - vente Osenat)
Tunique du sacre de l'Empereur (1804 - château de Fontainebleau)
Ceinture du sacre de l'Empereur (1804 - château de Fontainebleau)
Epée du sacre de Napoléon 1er. Par Nitot, joaillier
(Fontainebleau)
Manteau pourpre du "Petit
habillement" du Sacre de Napoléon Ier, avec parements et collet (1804 -
Fontainebleau)
Bague dite
" du couronnement de l'Impératrice Joséphine" (château de Malmaison)
Couronne dite de « Charlemagne » par Biennais (1804 - Louvre). Présente au sacre de Napoléon 1er, elle faisait partie des "Honneurs de Charlemagne"
Main de justice, et sceptre. "Honneurs de
Charlemagne" utilisés lors du sacre de Napoléon 1er (Louvre)
Bassin du sacre en vermeil, par Henri Auguste (1804
- château de Fontainebleau)
Regalia des funérailles de Louis XVIII - de haut en bas : Couronne du Roi - Main de Justice et Sceptre - Couronne de la Reine (Basilique de Saint-Denis)
Regalia des funérailles de Louis XVIII - de haut en bas : Couronne du Roi - Main de Justice et Sceptre - Couronne de la Reine (Basilique de Saint-Denis)
François Gérard : Le Couronnement de Charles X à Reims (5,14 x 9,72 m) (1827 - château de
Versailles)
Francois Gérard : Charles X en grand costume de sacre (1757-1836) (1825 - Versailles)
Couronne du sacre de Charles X. Créée par Ménière et Bapst pour Louis
XVIII, remaniée pour le sacre de Charles X. (détruite en 1887) (détail du
tableau de Gérard)
Ecrin de la couronne du sacre de Charles X (Louvre)
Reliquaire de la Sainte Ampoule. Pour le sacre de Charles X (1824 - Reims, Palais du Tau)
Sainte Ampoule, pour le sacre de
Charles X. (1824 -
Reims, Palais du Tau)
Pain d'offrande du sacre de Charles X, par
Jean-Charles Cahier (1825 - Reims, Palais du Tau)
Manteau royal du sacre de Charles X (Reims, Palais du Tau). Commandé
par Louis XVIII.
Ecrin de l'épée en diamants du sacre de Charles X, portant les armes de Napoléon III (Louvre)
Franz Xaver Winterhalter (1805-73) : Napoléon III en costume de sacre (1852)
et Regalia. L’Empereur n’a jamais été couronné.
Couronne en or de l'Empereur Napoléon III (reconstitution) - exécutée par Ganriel Lemonnier en 1855, elle était ornée de 8 gros diamants, de 8 grosses émeraudes (voir ci-dessous), d'une cinquantaine d'émeraudes plus petites, et de nombreux brillants. Détruite en 1887.
Couronne en or de l'Empereur Napoléon III (reconstitution) - exécutée par Ganriel Lemonnier en 1855, elle était ornée de 8 gros diamants, de 8 grosses émeraudes (voir ci-dessous), d'une cinquantaine d'émeraudes plus petites, et de nombreux brillants. Détruite en 1887.
Les 8 émeraudes, ainsi que la suite des 34 autres plus petites, figuraient sur
la couronne impériale de Napoléon III, conçue en 1855 par Lemonnier. Elles
proviennent des célèbres mines d'émeraudes de Muzo en Colombie. (Collection de l'École des Mines
de Paris)
B - Les Joyaux de la Couronne de France ou "Diamants de la Couronne" (Louvre)
Spinelle rouge, dit ''Côte de Bretagne''. Ancienne collection des « Diamants de la Couronne » (Attribué
au Louvre en 1887). La pierre la plus ancienne.
Insigne de la Toison d'Or porté par Louis
XV. Au centre, on reconnaît le spinelle ''Côte de Bretagne''. Et au-dessous, le
Diamant Bleu : 69 carats, provenant d'Inde. Taille de forme triangulaire à 72 facettes.
Volé en 1792 (pendant la Révolution), le diamant bleu se retrouve en Angleterre où il est retaillé. Vers1824, il est acheté par Henry Philip Hope. Il devient le "diamant Hope" (actuellement au Smithsonian Institute de Washington - Légalement, ce diamant inaliénable appartiendrait toujours à la France).
Volé en 1792 (pendant la Révolution), le diamant bleu se retrouve en Angleterre où il est retaillé. Vers1824, il est acheté par Henry Philip Hope. Il devient le "diamant Hope" (actuellement au Smithsonian Institute de Washington - Légalement, ce diamant inaliénable appartiendrait toujours à la France).
Le « Régent » (découvert en Inde en 1698 - 140,64
carats). Ancienne collection des « Diamants de la Couronne » (Attribué
au musée du Louvre en 1887)
Le « Sancy » (55,23 carats). Ancienne collection
des « Diamants de la
Couronne » (Louvre - acquis en 1976)
Le Diamant rose à 5 pans, dit ''Hortensia'' (20 carats). Ancienne
collection des « Diamants de la Couronne » (Attribué au musée du Louvre en
1887)
Modèle de l'épée de diamants de Louis XVI, chef-d'oeuvre d'orfèvrerie de Georges Frédéric Bapst. Ornée de 2 189 diamants taillés en rose - volée en septembre 1792 (détruite).
Modèle de l'épée de diamants de Louis XVI, chef-d'oeuvre d'orfèvrerie de Georges Frédéric Bapst. Ornée de 2 189 diamants taillés en rose - volée en septembre 1792 (détruite).
Broche-pendentif de l’Impératrice
Eugénie. (27 gros
diamants dont les « Mazarins » 17 et 18). Ancienne collection des « Diamants
de la Couronne »
(attribué au Louvre en 1887). Et son écrin.
Insigne de l'Ordre de l’Éléphant de
Danemark, par
Evrard Bapst, ayant appartenu à Louis XVIII. Ancienne collection des « Diamants
de la Couronne »
(déposé au Louvre en 1887)
Épingle : Dauphin, dit le ''Dragon perle''
(XVIe siècle) - Ancienne collection des « Diamants de la Couronne ». (Attribuée
au musée du Louvre en 1887)
La Montre du Dey d’Alger, offerte par Husseïn ben
El-Husseïn, dey d'Alger, à Charles X. (ornée de 265 diamants). (Attribuée au
Louvre en 1887)
L'Aigle de Pologne. Grenat hessonite, 149 rubis,
émeraude, perle. Ancienne collection de Louis XIV. (Attribuée au Louvre en
1887)
Grande plaque de l’Ordre du
Saint-Esprit. A été
offerte par Louis XV, à son gendre l’infant Philippe, duc de Parme (400
brillants et un rubis).
(Louvre - acquise en 1953)
Paire de Boucles d’oreilles de Joséphine. Deux grosses perles
poires (Louvre - don Claude Menier en 1973)
Le diadème de perles et diamants de l’impératrice Eugénie (212
perles, et 1998 diamants). Ancienne collection des « Diamants de la Couronne » (Louvre -
acquis en 1992 pour 3 719 730 F)
Les Joyaux de la Couronne au musée du Louvre
Grand Nœud de ceinture offert par Napoléon III à
l'Impératrice Eugénie en 1855 (2634 diamants) - réalisé par le joaillier François Kramer. Ancienne collection des « Diamants
de la Couronne »
(Louvre - acquis en avril 2008 pour 10 millions de dollars, soit 6,72 millions d’euros)
L'Impératrice possédait 4 broches d'épaule semblables.
Au centre, un devant de corsage assorti, orné de la perle "Napoléon" (photo de la vente de 1887)
Grand-Croix de la Légion d'Honneur de Napoléon III. Or, 284 brillants, 28 émeraudes et 11 rubis (Coll. part.)
Coffret
contenant plusieurs joyaux célèbres : la Topaze de Louis XIV (jaune) - la grande Opale de Louis XVIII (en haut), elle a servi à attacher le manteau du sacre de Charles X
- la grande Émeraude de Louis XIV (au centre)
- le Corindon Saphir, dit "Saphir bicolore de Louis XIV" - etc. (Attribués au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris en 1887)
- la grande Émeraude de Louis XIV (au centre)
- le Corindon Saphir, dit "Saphir bicolore de Louis XIV" - etc. (Attribués au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris en 1887)
Le Grand Saphir de Louis XIV (ou « Ruspoli » - 135,80 carats).
Ancienne collection des Diamants de la Couronne. (Attribué au Muséum national d’Histoire
naturelle de Paris en 1887)
Perles de la Couronne dans un coffret allemand. Collection du Muséum national d'Histoire naturelle de Paris (les perles ont été vendues)
6 Rubis brésiliens provenant d'une parure de Marie-Louise (Joyaux de la Couronne). Collection du Musée de Minéralogie à Paris
12 améthystes provenant d'une parure de Marie-Louise (Joyaux de la Couronne). Collection du Musée de Minéralogie à Paris
Écrin du diadème grec - Le Diadème grec n'existe plus
Serre-bijoux
de Marie-Antoinette, par Jean-Ferdinand Schwerdfeger (1787 - Versailles)
Coffre à bijoux-écritoire de l'Impératrice Joséphine, par Martin-Guillaume Biennais (Malmaison)
Coffre à bijoux-écritoire de l'Impératrice Joséphine, par Martin-Guillaume Biennais (Malmaison)
Serre-bijoux
(dit Grand Écrin) de l'Impératrice Joséphine, puis de Marie-Louise au château
des Tuileries. Réalisé par Jacob-Desmalter (1809 - Louvre)
L'un des
meubles serre-bijoux de l'Impératrice Eugénie, par Charon frères (vers 1855 -
château de Compiègne)
Toilette-serre-bijoux de l'Impératrice Eugénie (Compiègne)
Toilette-serre-bijoux de l'Impératrice Eugénie (Compiègne)
La
nouvelle présentation des joyaux dans la galerie d'Apollon est achevée.
Malheureusement, les 5 joyaux ayant appartenu à l'Impératrice Eugénie
sont présentés à part, dans une petite vitrine médiocre, près des
appartements Napoléon III. (voir ci-dessus)
Après les récentes acquisitions, les bijoux, de provenance royale ou impériale, présentés dans la vitrine de la galerie d'Apollon du Louvre, et dans celle des appartements Napoléon III, constituent un ensemble de plus de 11 000 pierres et perles. (Autant que dans l'inventaire de 1791)
La vente de 1887 - Une catastrophe nationale
Après les récentes acquisitions, les bijoux, de provenance royale ou impériale, présentés dans la vitrine de la galerie d'Apollon du Louvre, et dans celle des appartements Napoléon III, constituent un ensemble de plus de 11 000 pierres et perles. (Autant que dans l'inventaire de 1791)
La vente de 1887 - Une catastrophe nationale
Mis à
l’abri pendant la guerre de 1870, les « Diamants de la Couronne » de France
furent exposés avec succès à Paris en 1878, à l’occasion de l’Exposition
universelle, puis en 1884, au Louvre, dans la salle des États. A ce moment, la
collection était riche de 77 486 pierres et perles, une des plus belles
collections du monde. Mais ils étaient menacés par la haine de la monarchie. La République encore
fragile voulut priver à jamais les prétendants de la possibilité d’utiliser les
Diamants de la Couronne. L’adversaire
le plus efficace de ces derniers fut le fils de François-Vincent Raspail, le député Benjamin
Raspail. Ce dernier déposa à la
Chambre en 1878 une motion demandant la vente, qui fut
approuvée, en juin 1882 seulement, par 342 voix contre 85. C'est aussi cette même année que fut décidée la destruction du palais des Tuileries.
Sur la grande photo, on reconnaît le grand nœud de diamants (à gauche), et le diadème de perles et diamants (en haut, à droite).
Sur la grande photo, on reconnaît le grand nœud de diamants (à gauche), et le diadème de perles et diamants (en haut, à droite).
La vente se
déroula au Louvre, dans la salle des États, en neuf vacations, du 12 au 23 mai
1887. A cause de la stupidité de certains hommes politiques de la IIIe République, et en particulier de Benjamin Raspail, la France a perdu un
patrimoine précieux.
Depuis 1953, le musée du Louvre tente de reconstituer en partie cette magnifique collection.
Documents :
Pour plus d'informations sur les "Regalia de la Couronne de France"
Depuis 1953, le musée du Louvre tente de reconstituer en partie cette magnifique collection.
Documents :
Pour plus d'informations sur les "Regalia de la Couronne de France"
Plus d'informations sur :
"Les Diamants de la Couronne de France"
historique succinct
La
collection des joyaux de la Couronne de France qui constituaient un trésor
d'Etat inaliénable, était désignée officiellement sous le nom de "Diamants
de la Couronne", même quand les bijoux ne comportaient pas de diamants
(perles, rubis, saphirs, etc.). C'est pourquoi nous emploierons indistinctement
les deux expressions : Diamants de la Couronne ou Joyaux de la Couronne.
15 juin 1530 –
François 1er crée le
trésor inaliénable des "Diamants de la Couronne". Il sélectionne 8
bijoux qui devaient constituer le noyau de la collection. La plupart venaient
de son épouse Claude de France. Le spinelle "Côte de
Bretagne", retaillé en forme de dragon pour être intégré à l'insigne
de la Toison d'Or de Louis XV, est le seul joyau, datant de cette
époque, encore conservé au Louvre. Il est donc aussi le plus ancien.
1661 – Mazarin Lègue à Louis XIV 18 diamants magnifiques qui portèrent son nom.
Le plus
gros : Le Sancy (55 carats -
ancienne collection de Jacques 1er) (Louvre).
Subsistent
aussi les « Mazarins » 17 et 18 qui sont insérés dans la broche-pendentif de l’Impératrice
Eugénie (Louvre).
Inventaire de la
collection de Louis XIV en 1691
Extraits du livre de Bernard Morel : « Les Joyaux de la Couronne de
France ». Ed. Albin Michel, 1988 (p. 166).
Le 10 septembre 1691 fut close à Versailles la
rédaction de l’inventaire de l’ensemble des diamants et pierreries de la
Couronne de France.
Le
chapitre 1 concernait 3 pierres à l’usage du roi.
La première était le Sancy (Louvre) estimé
600 000 livres ;
la seconde le Diamant Bleu estimé
400 000 livres (volé en 1792, et retaillé par Hope) ;
et la troisième, le Grand Saphir de Louis XIV
(Muséum d’histoire naturelle, Paris) estimé 40 000 livres.
Le roi portait généralement le Sancy au chapeau.
Quant au Diamant Bleu, monté sur un bâtonnet d’or émaillé, il servait d’épingle
à la cravate de dentelles. La monture d’or du Grand Saphir nous laisse à penser
qu’il servait aussi d’épingle de cravate.
Le
chapitre 2 était une grande chaîne formé de 45 grands diamants tous taillés en table, sauf une pointe de 8
carats 1/2 – série de chatons reliés par des crochets qui portaient
quelques-uns des plus beaux diamants de la couronne : le De Guise, le
Second Mazarin, Le Miroir de Portugal, le Grand Mazarin, et les Mazarins VIII,
X, XII, XIII, XIV. Etc.
Les 45 diamants de la chaîne montaient à 1 996 000 livres.
Le
chapitre 3 décrivait une parure de
diamants pour le roi, composée de 123 boutons de justaucorps, de 300
boutonnières, de 19 fleurons de boutonnières de justaucorps, de 48 boutons et
boutonnières pour la veste (sorte de gilet long boutonné porté sous le
justaucorps), d’une croix de chevalier de l’ordre du Saint-Esprit pour le
justaucorps (redingote ouverte), et d’une croix de l’ordre du Saint-Esprit pour
pendre au bas du cordon bleu, et enfin d’un crochet de chapeau.
151 des 300
boutonnières étaient de 5 diamants chacune, et étaient estimées 3738 livres pièce – et
les 149 autres d’un seul diamant de 2500 livres l’unité, pour un total de 936 938 livres.
Les 19
fleurons totalisaient 787 495 livres.
Les 48
boutons de veste et boutonnières revenant à 185 136 livres.
La croix de
chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit était composée de 112 diamants. Le
corps de la colombe était un brillant pendeloque de 35 000 livres,
et les ailes formées de 2 autres brillants pendeloques estimés ensemble 42 000 livres.
Valeur du joyau : 150 750
livres.
La croix « pour le cordon bleu de Sa
Majesté » réunissait 120 diamants qui totalisaient 155 666 livres.
Le crochet de chapeau était un merveilleux
bijou orné de 7 grands diamants. Le principal était la seconde grande pierre
ramenée par Tavernier, pesant 43,80 carats pour 200 000 livres.
Valeur du crochet : 470 000
livres.
Le roi portait le magnifique Diamant Bleu
à sa cravate. (volé en 1792, retaillé et devenu le "Hope")
La valeur de la parure entière de diamants pour
le roi montait à 4 511 373
livres.
Le chapitre
4 concernait une parure de toutes pierres pour le roi (pierres de
toutes les couleurs). Elle était composée de 168 boutons, de 336 boutonnières,
de 19 fleurons de boutonnières pour le justaucorps, 48 boutons et 96
boutonnières pour la veste, d’une croix de chevalier de l’Ordre du
Saint-Esprit, d’une épée (66 pierres de couleurs et 121 diamants) avec sa
garniture de baudrier (83 pierres et 137 diamants), d’un crochet de chapeau, et
de deux paires de boucles de jarretières.
Le roi portait le Grand Saphir (135,80
carats) à sa cravate.
La parure de toutes pierres totalisait la somme
de 940 070
livres.
Le chapitre
5 décrivait une parure de perles et
de diamants pour le roi,
composée de 130 boutonnières de justaucorps, de 19 fleurons de boutonnières et
d’un crochet de chapeau, parure qui était portée particulièrement les jours de
grand deuil.
La parure complète de perles et diamants montait
à 1 499 713
livres.
Le chapitre
6 décrivait un crochet de chapeau
non compris dans les parures. Il était orné de 7 diamants taillés en brillants.
Valeur de ce crochet : 188 290 livres.
Un second crochet
de chapeau orné d’un seul diamant couleur fleur-de-pêcher estimé à 43 866 livres.
Le chapitre
7 décrivait le collier d’Anne
d’Autriche réunissant 25 grosses perles rondes de bel Orient, estimé 250 000 livres.
Suivait la
plus belle perle ronde alors connue, que le roi avait achetée à Bazu en
1669, estimée 90 000 livres : « la Reine des Perles ».
Le chapitre
8 concernait 4 paires de pendants
d’oreilles.
Chaque pendant de la première paire s’ornait de
4 grands diamants. L’un des deux avait au bouton le Quatrième Mazarin, et en pendentif le Cinquième Mazarin. Le second avait au bouton le Richelieu, et en pendant principal le Sixième Mazarin. Cette paire de
pendants d’oreilles en girandoles montait à 500 000 livres.
La seconde paire réunissait quatre beaux diamants.
Valeur : 205 000
livres.
Chaque boucle de la troisième paire, en
girandole, était formée d’une perle plate en bouton où pendaient trois perles
poires attachées à 4 diamants taillés à facettes. Valeur : 53 400 livres.
La quatrième paire de pendants d’oreilles
réunissait deux fois onze diamants taillés en pendeloques et placés en
girandoles ; les 22 pierres estimées 44 000 livres.
Le chapitre
9 concernait 3 poinçons ou épingles
pour chevelure, l’un portant un grand diamant jaune à facettes en forme de
cœur estimé 20 000 livres ; le second, un diamant taille rose en
forme de cœur couleur de topaze, estimé 11 000 livres ; le troisième,
un diamant taillé en pointe, couleur de foin, estimé 10 000 livres.
Le dixième
et dernier chapitre comprenait une nouvelle épée à lame damasquinée et à poignée d’or, enrichie de 131
diamants, payés 23 769
livres, et 20 ferrets de petits diamants pour 4 000 livres.
Au total,
il y avait 5 885 diamants, 1 588 pierres de couleur dont le plus beau saphir alors connu au monde
(le Grand Saphir de Louis XIV), et 488
perles, dont la plus belle perle ronde connue en Europe, « la Reine
des Perles » de 112,25 grains métriques.
Valeur
totale : 11 430 481 livres.
Les plus beaux joyaux d’Europe.
Dans
l’esprit du roi et de Colbert, il ne s’agissait pas là seulement d’un luxe
gratuit. Ils créaient ainsi pour l’Etat une dernière réserve monétaire prête à
servir dans des cas extrêmes, mais si le roi dut sacrifier vers la fin du règne
sa vaisselle d’or et le mobilier d’argent de Versailles, jamais il ne mit en
gage les joyaux de l’Etat ; il fut simplement contraint, de 1691 à 1715,
de ne point les enrichir.
De même,
« le plus grand roi du monde » se devait de posséder la plus riche
collection de joyaux de la Chrétienté.
Bien entendu, le roi garda la tradition d’un
trésor particulier dont il faisait ce que bon lui semblait. Il faut ajouter les
innombrables bijoux dont il combla ses maîtresses, et les cadeaux de joaillerie
faits aux souverains et ambassadeurs.
Au cours de la seule année 1687, il dépensa plus
de 2 millions de livres en pierreries.
Cela fit beaucoup pour conforter la suprématie
de la joaillerie française.
Monsieur (Philippe d’Orléans), frère du roi,
possédait pour plus de 5 millions de livres de pierreries.
A la succession de Mme de Maintenon, on trouvera
pour 3 millions de livres de pierreries.
En 1717 - Acquisition par Philippe d'Orléans, régent de
France, d'un diamant de 140,64 carats (découvert en Inde en 1698) qui portera
son nom : Le Régent. Ce diamant orna la couronne de sacre de Louis XV
(Louvre), et l'épée du sacre de Napoléon 1er (Fontainebleau).
Inventaire de 1791
-9 547
diamants - 506 perles – 230 rubis et spinelles – 71 topazes – 150 émeraudes –
35 saphirs – 19 pierres. Total : 10 558 pierres et perles.
Estimation :
24 millions de livres
En 1792, pendant la période révolutionnaire, vol des Diamants de la Couronne. Une partie est retrouvée.
A partir de 1805, l’empereur Napoléon 1er
effectue des acquisitions importantes.
En 1814, le trésor ("Diamants de la
Couronne") comprenait : 65 072
pierres et perles, la plupart montées en bijoux.
Ce trésor ne comprend pas différentes magnifiques
parures personnelles offertes aux Impératrices Joséphine et Marie-Louise.
Quelques enrichissements sous la première
Restauration (1815-1830).
Napoléon
III
enrichit peu les "Diamants de la Couronne", mais de très belles parures sont
créées par de grands joailliers.
A la
chute du Second Empire, les Joyaux de la Couronne étaient
composés de :
51 403
diamants, taille brillant
21 119
diamants, taille rose
2 962
perles
507 rubis
- 136 saphirs - 250 émeraudes
528
turquoises - 22 opales - 235 améthystes
500
autres pierres
Soit :
77 662 pierres et perles
1887 - Année
d’une catastrophe nationale. Sur décision de la IIIe République, les joyaux de la Couronne de France
sont dispersés aux enchères publiques lors de 9 vacations du 12 au 23 mai 1887.
Le prétexte était la suppression des symboles monarchistes. Bravo à Benjamin
Raspail, Jules Grévy, et Sadi-Carnot, troïka de la stupidité, responsable de
cette dispersion ! La conséquence fut la perte irrémédiable d'un trésor
historique inouï.
- Quelques pierres ou pièces historiques sont
cependant conservées au Louvre. (Le Régent, le spinelle « Côte de
Bretagne », la broche-pendentif de l’Impératrice Eugénie, la montre du Dey
d'Alger (ornée de 265 diamants), l’épée du sacre de Charles X (volée en 1976),
etc.)
-
Quelques pierres exceptionnelles sont attribuées au Muséum national
d’Histoire naturelle de Paris :
Le Grand
Saphir de Louis XIV (« Ruspoli », 135,80 carats) –
La Topaze
de Louis XIV (28,10 carats) –
Le
Diamant-portrait de l’impératrice Marie-Louise (9,10 carats) –
La grande
Opale de Louis XVIII - Le Saphir bicolore (19,67 carats) - Le Diamant
Jonquille (9,75 cts) –
La grande Émeraude de Louis XIV (17 carats) –
L’Améthyste
de Marie-Louise (Souvenir de la parure livrée par Nitot pour l’Impératrice) –
L’Émeraude provenant de la Sainte Couronne (51,60 carats - c'était la couronne la plus
ancienne, dépecée en 1794).
Ainsi que
plus de 800 perles et pierres moins importantes.
- Un
ensemble de 1 044 pierres et perles en provenance des Joyaux de la Couronne est cédé à l’École des Mines à Paris (Les 896 perles ont été vendues vers 1903).
Depuis
1953,
le musée du Louvre fait régulièrement des acquisitions importantes pour
reconstituer en partie une collection de joyaux qui était l’une des plus belles
au monde.
2 commentaires:
Bonjour, A propos de la couronne de Napoléon III représentée sur ce site, j'imagine que c'est une copie. Si oui, pourquoi ne le dites vous pas ? réalisée quand et par qui ? Merci de préciser, Cordialement, JM Becard
Comme j'ai pris la peine de signaler que la couronne de Napoléon III avait été détruite en 1887, il ne me paraissait pas indispensable de préciser que la couronne de la photo en couleur était une reproduction...
Quant à savoir qui a fait cette "copie" cela n'a pas beaucoup d'intérêt.
Cordialement
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