La façade
accueille depuis 1995 le monumental Mur des mots de Ben.
Visite le
dimanche 14 avril 2013
La Fondation du Doute a ouvert ses portes le 6
avril 2013. Le mouvement Fluxus est à l'honneur grâce à l'artiste Benjamin Vautier, plus connu sous le
pseudo Ben. 40 artistes investissent
un lieu qui se veut ludique et d'échanges loin des musées classiques. Un bar
aménagé par Ben accueille le visiteur, un ring comme lieu de joutes
idéologiques et esthétiques où chacun peut prendre le risque de défier l'autre.
Le centre mondial du questionnement en somme. Présentation des artistes par le
trublion de l'art contemporain en personne.
« Fluxus, c’est un cactus dans le cul de l’art
», a écrit Benjamin Vautier, alias Ben. L’artiste franco-suisse, surtout connu
pour ses « écritures » blanches sur fond noir, a inauguré vendredi 5 avril son
nouveau QG Fluxus : la
Fondation du doute, à Blois. Pourquoi Blois ? « Parce que
c’est un trou perdu. C’est comme Compostelle, faire le chemin jusqu’à la Fondation du doute,
c’est déjà douter », glousse Ben, coincé entre ses attachés de presse et une
flopée de journalistes. La métaphore ravageuse, c’est son truc. Si vous comptez
vous rendre à Blois pour obtenir (enfin) une définition claire de ce que fut
Fluxus, cette nébuleuse artistique des années 60 et 70 dont Ben est un pur
produit, c’est peine perdue. Vous y verrez près de 300 œuvres d’une
cinquantaine d’artistes, performers, plasticiens et musiciens « Fluxus mais
aussi post, para et au-delà Fluxus », insiste Ben. Complexe. Pour faire plus
simple : des artistes contestataires, qui ont systématiquement remis l’art (et
parfois la condition humaine) en question, dans la lignée de Marcel Duchamp et
des dadaïstes. Cela dit, les Fluxus ne sont même pas d’accord sur leur
manifeste… qui n’a été signé que par leur fondateur George Maciunas.
Pour
réincarner cet « esprit » Fluxus en plein cœur de la région Centre, Ben dispose
de près de 1000 m2
dans les enceintes de l’école d’art de Blois-Agglopolys, et du conservatoire de
musique départemental. Certes ce n’est pas Beaubourg, mais les œuvres
présentées - issues notamment de la collection
Gino Di Maggio - composent un bel ensemble. On y retrouve, au
rang des inspirateurs du mouvement, le compositeur expérimental John Cage, ou encore le
collectif japonais Gutai : ses artistes spécialisés (l’un transperçait des
toiles en les traversant de son corps, un autre peignait avec ses pieds…) sont
à la base de l’art performance européen et américain. « Qu’est-ce que
l’art ? Quelles sont ses limites ? », se demandait Fluxus.
Ses piliers
sont tous là, avec notamment un grand ensemble de portières accidentées de Wolf Vostell (Fandango, 1974), des tableaux pièges
astro-gastronomiques de Daniel Spoerri
(1975), mais aussi des œuvres importantes de Nam June Paik, Allan Kaprow ou encore Yoko Ono.
Tables piégées de Daniel Spoerri.
Nam June Paik : Bouddha.
Et Ben a promis d’accrocher l’italien Piero Manzoni, auteur notamment des Pièces limites, dont des boîtes de conserve artistiquement
remplies de ses propres matières fécales (Merda
d’artista, 1961).
Durant
près de vingt ans Fluxus restera fidèle à un humour provocateur, à l’explosion
des limites de la pratique artistique, à son désir d’abolir toute frontière
entre l’art et la vie.
Fluxus
compte parmi ses représentants Éric Anderson, Joseph Beuys, George Brecht, John
Cage, Guiseppe Chiari, Philipp Corner, Charles Dreyfus, Jean
Dupuis, Robert Filliou, Henry Flynt, Geoff Hendricks, Dick
Higgins, Allan Kapprow, Alison Knowles, La Monte Young,
Charlotte Moorman, Jackson MacLow, George Maciunas, Nam June Paik, Yoko Ono, Ben Patterson, Willem de Ridder, Serge III, Daniel Spoerri,
Benjamin Vautier, Wolf Vostell, Emmett Williams, Groupe Zaj et
bien d’autres encore.
Un lieu
stimulant où l’humour pointe son nez dans toutes les salles. A voir.
Une salle d'art postal où il est possible d'envoyer une carte originale, aux frais de La Poste...
Et un bar décoré par Ben
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