(département : Isère)
Le musée municipal de Grenoble est considéré tant pour ses collections d'art ancien, que pour ses collections d'art moderne et contemporain, comme l'un des plus prestigieux musées en Europe. Le musée de Grenoble a été fondé le 16 février 1798 par Louis-Joseph Jay, bien avant les autres musées de province français. Début 1799, tout en s'occupant de la collecte des œuvres d'art de l'Isère, Jay fait une demande de souscription publique afin d'acheter tableaux et dessins.
Un nouvel édifice conçu par l'architecte Charles-Auguste Questel est inauguré en 1872, sur l'actuelle place de Verdun.
Vers la fin du XIXe siècle, un grand mécène, le général Léon de Beylié, complète la collection du musée en lui offrant quatre prestigieux tableaux de Francisco de Zurbaràn, perpétuant ainsi une longue tradition de donations et de legs. Son influence est directe et massive sur la richesse et la nature des collections. De 1895 jusqu'à sa mort accidentelle le 15 juillet 1910, il apporte au musée 50 tableaux, 13 dessins, 16 sculptures, 13 pièces d'archéologie et des centaines d'objets d'Extrême Orient.
Dès 1920, le musée de Grenoble est considéré comme le premier musée d'art contemporain en France puisque celui de Paris n'ouvre qu'en 1947. Il est même l'un des premiers dans le monde.
En 1982 que le président François Mitterrand annonce la création d'un nouvel édifice. L'année suivante, le nouveau maire de la ville Alain Carignon et le ministre de la culture Jack Lang s'accordent sur le principe et le lieu de construction.
Le 30 janvier 1994, le nouveau bâtiment abritant les collections est inauguré.
Deux conservateurs ont marqué l'histoire du musée : Louis-Joseph Jay et Andry-Farcy. Le premier crée et assure la mise en place du musée de 1798 à 1815 avant de laisser la succession à Benjamin Rolland. Puis au XXe siècle, Pierre André Farcy, dit Andry-Farcy, conservateur de 1919 à 1949, qui va orienter d'une façon décisive la collection en faveur de l'art moderne.
Le nouveau musée a été conçu pour recevoir les oeuvres ; le parcours chronologique est très clair et logique, le musée est donc très agréable à parcourir.
Les collections sont considérables, je ne donnerai qu'un aperçu de ces richesses.
Visite le mercredi 11 mai 2011
Salles des peintures XIIIe – XVIIe sièclePeintres italiens
Jacopo Torriti (Attribué à) (13e s.): Sainte Lucie. Panneau central d'un triptyque d'origine romaine. (don général Léon de Beylié). Influence byzantine.
Taddeo Di Bartolo (Né vers 1362 –1422) : Vierge à l'Enfant entre saint Gérard, saint Paul, saint André et saint Nicolas (1395). Triptyque, Tempera sur bois, 170 x 225 cmPietro Vanucci, dit Il Perugino (c. 1445-1523) : St Sébastien et sainte Apolline (1512-23).
Jacopo da Ponte, dit Bassano (1515-92) : La Construction de l’Arche de Noé.
Paolo Caliari, dit Véronèse (1528-88) : Le Christ rencontrant la femme et les fils de Zébédée. 1,94 x 3,37 m.
Domenico Zampieri, dit Le Dominiquin (1581-1641) : Dieu réprimandant Adam et Eve (1623-25).
Le peintre organise la scène selon une diagonale entre le serpent et les anges. Adam semble accuser sa compagne qui désigne le fautif. Ce groupe est tout particulièrement remarquable : pour l’exécuter, l’artiste s’est en effet inspiré de La création d’Adam de Michel-Ange à la chapelle Sixtine.
-Samson et Dalila. Prov. collection de Heidelberg. (Son pendant : « Le Supplice de Prométhée» est au musée de Tours).
Mattia Preti (1613-99) : Le Martyre de St Pierre. Peint à Rome entre 1630 et 1650, ce tableau de grand format était probablement destiné au décor d’un autel. Fortement marqué par l’art de Caravage, Preti a certainement contemplé le tableau de même sujet du célèbre peintre, à l’église Santa Maria del Popolo. Preti représente ici le moment où les énergies se déploient pour le redressement du corps sur la croix. Paradoxalement, l’action est suspendue, les gestes arrêtés, les muscles tendus. La souffrance de Pierre s’ exprime dans l’écartement de ses bras, la raideur de ses doigts et les rides profondes marquant son front. L’intensité dramatique de la scène est renforcée par l’éclairage latéral qui fait surgir les personnages de l’ombre.
Peintres flamands et hollandais
Pieter-Paul Rubens (1577-1640) : L’Extase de St Grégoire pape, entouré de saints et de saintes (1608). 4,77 x 2,88 m.
Ce tableau, le plus grand format du Musée, est l’œuvre majeure de la collection flamande. Commandée en 1606 par les Oratoriens de la Chiesa Nuova à Rome au jeune Rubens, qui séjournait alors en Italie, l’œuvre ne trouva jamais sa place sur le maître-autel. Le peintre en réalisa une seconde version, toujours visible dans l’église aujourd’hui, et déposa l’original sur le tombeau de sa mère à Anvers quelques années plus tard. Saisi par les commissaires français vers 1800, le tableau rejoignit la collection du Musée en 1811. Grégoire Ier, dit aussi Grégoire le Grand, fut pape de 590 à 604. Imposant au centre du tableau, il est entouré à droite par sainte Domitille, luxueusement vêtue, et par les saints Achille et Nérée. A gauche se tiennent saint Maurice en cuirasse de soldat romain, et saint Papien appuyé sur un bâton. La colombe blanche du Saint esprit survole la tête du vieil homme. L’architecture est proche d’un arc de triomphe en ruines, composé d’une voûte à caissons, encadrée de pilastres. Elle symbolise la fin des croyances païennes au profit de la religion chrétienne victorieuse en la personne de Grégoire, pape, et de la Vierge à l’Enfant, encadrés dans la partie supérieure.Anthonie Palamedesz (1601-73) : Portrait de femme en Granida (1671)
"Granida" est une pièce de théâtre en cinq actes à huit personnages et deux chœurs, écrite en langue néerlandaise par Pieter Cornelisz Hooft entre 1603 et 1605, et publiée en 1615. Elle s'apparente au genre pastoral et comporte plusieurs parties chantées.
Matthias Stom (1600-52) : Le Repas d’Emmaüs (c. 1636). Autre version proche au musée Thyssen-Bornemysza de Madrid.
Peintres français
Georges de La Tour (1593-1652) : St Jérôme pénitent. Inventorié en 1696 à l’église abbatiale de Saint-Antoine en Viennois, le Saint Jérôme de Georges de La Tour est un remarquable chef-d’œuvre de la collection.
Philippe de Champaigne (1602-74) : Christ en croix (1655). La ferveur religieuse de Philippe de Champaigne le désignait comme un interprète idéal de la piété ascétique des Chartreux. Ceux-ci firent plusieurs fois appel à son talent ; cette œuvre en particulier fut réalisée en 1655 pour le monastère de la Grande Chartreuse.
Philippe de Champaigne : St Jean-Baptiste.
Philippe de Champaigne : Louis XIV, au lendemain de son sacre, reçoit le serment de son frère Monsieur, duc d'Anjou, comme chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit à Reims, le 8 juin 1654.
-Portrait de Saint-Cyran (c. 1640)
Laurent de La Hyre : Le Souper d’Emmaüs. Peintes en 1656 pour le monastère de la Grande Chartreuse en Isère, ces œuvres étaient probablement disposées sur les autels de deux chapelles proches l’une de l’autre. Les tableaux, conçus comme des pendants, reprennent le thème des premières apparitions de Jésus après sa Résurrection. Le vêtement bleu de Jésus accentue le caractère céleste du personnage. Cette couleur, obtenue par un mélange de lapis-lazuli et d’indigo, est caractéristique des œuvres de La Hyre.
Le Noli me tangere est tiré de l’Évangile de Jean : le matin de Pâques, Marie-Madeleine se rend au tombeau du Christ et le trouve vide. Jésus l’appelle alors par son nom. Elle le reconnaît et se précipite vers lui, mais Il lui dit : « Ne me touche pas », noli me tangere en latin.
L’épisode d’Emmaüs est relaté dans l’Évangile de Luc. Le Christ ressuscité rencontre deux pèlerins, qui sans le reconnaître, l’invitent à partager leur repas au village d’Emmaüs. Alors que Jésus rompt le pain, les deux hommes l’identifient. Figés dans leurs attitudes et leurs expressions, l’incrédulité se lit sur leurs visages tandis que Jésus semble déjà appartenir à un autre monde. La nappe fraîchement repassée, les serviettes de tables empilées et les miettes de pain forment une nature morte d’une grande sobriété.
Eustache Le Sueur (1616-55) : L'Ange Raphaël révèle sa véritable nature à Tobie et à sa famille, et s'élève au ciel.
Peintres espagnols
Francisco de Zurbaràn (1598-1664) : 1-L’Annonciation – 2-L’Adoration des Bergers – 3-L’Adoration des Mages – 4-La Circoncision.
Le général Léon de Beylié (1849-1910), grenoblois, amateur d’art, donna, en 1904, au musée de sa ville natale, les quatre tableaux de Francisco de Zurbaràn. Les quatre peintures sur le thème de L’Enfance du Christ ont été réalisées pour la chartreuse de Nuestra Señora de la Defension, à Jerez de la Frontera, dans la région de Cadix, fondée en 1478, et achevée au début du XVIIe siècle.
L’Adoration des Mages et La Circoncision furent choisis pour le musée Napoléon, et exposés, puis restitués à l’Espagne après 1814. En 1837, le baron Taylor, se procura l’ensemble prestigieux des Zurbaràn pour enrichir la Galerie Espagnole de Louis-Philippe. Le ministre de l’Intérieur espagnol avait autorisé officiellement leur vente. Pendant 10 ans, de 1838 à 1848, les 4 toiles furent exposées au Louvre, puis vendues à Londres chez Christie’s en 1853, après la mort du roi. Récupérées par le duc de Montpensier, cinquième fils de Louis-Philippe, elles furent transportées à Séville, au palais San Telmo, où le duc s’était installé après la révolution de février 1848. Ces tableaux restèrent dans la famille royale française pendant un demi-siècle, au château de Randan, en Auvergne, chez la fille du duc, la comtesse de Paris, qui mourut en 1919. Auparavant elle avait vendu ses Zurbaràn au général de Beylié.
Salles des peintures du XVIIIe siècle
Peintres italiensGiovanni Antonio Canal, dit Canaletto (1697-1768) : Vue de Venise : la pointe de la Dogana avec l’église de la Salute (1726-28).
Francesco Guardi (1712-92) : Le Doge de Venise porté en triomphe par les Gondoliers (c. 1770)
Alexandre-François Desportes (1661-1743) : Animaux, Fleurs et Fruits (1717)Alexandre-François Desportes : Cerf aux abois atteint par la meute.
Nicolas de Largillierre (1656-1746) : Portrait de Jean Pupil de Craponne (1708)Nicolas de Largillierre : Portrait de jeune femme, dite Elisabeth de Beauharnais (c. 1711)
Simon-Mathurin Lantara (1729-1778) : L'Esprit de Dieu planant sur les eaux.
Salles des peintures du XIXe siècle
Frédéric-Auguste Bartholdi (1834-1904) : Champollion (1867). Plâtre patiné. La version en marbre est au Collège de France.
Gustave Doré (1832-83) : Lac en Ecosse. Après l’orage (1875-78). Unanimement considéré comme un chef-d'œuvre, ce tableau est la première peinture de Doré entrée dans un musée français, du vivant même de l'artiste.
Henri Fantin-Latour (Grenoble, 1836-1904) : Autoportrait (1859). Portrait de l’artiste âgé de 23 ans.
Henri Fantin-Latour : Nature morte de fiançailles (1869). Des fleurs, un verre de vin, des fraises et des cerises composent cette nature morte offerte par le peintre à sa future femme à l'occasion de leurs fiançailles.
Victoria Dubourg Fantin-Latour (1840-1926) : Coin de table (c. 1901). Epouse de Henri Fantin-Latour.
Hippolyte Flandrin (1809-64) : Portrait d’homme (1839).
Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ (1842-1923) : Homère mendiant (1881). Triptyque.L'œuvre frappe par sa monumentalité : au centre, Homère, vieillard aveugle ; auprès de lui se presse l'enfant qui le guida aux portes d'Athènes. L'Acropole d'Athènes apparaît au lointain sous un ciel menaçant avec le Parthénon et le temple d'Athéna Niké. De part et d'autre de cette scène sombre et lugubre, l'artiste a représenté de manière synthétique les deux œuvres majeures attribuées au poète.
A gauche, L'Odyssée sous les traits de Pénélope aux pieds de laquelle des quenouilles et le chien font allusion respectivement à la fameuse tapisserie et à la fidélité conjugale.
A droite, peut-être inspirée par un tableau de David, l'Iliade, évoquée par le corps d'Hector portant le pectoral de Patrocle, le sceptre de Priam à la main, renversé sur les marches du trône de Troie. Némésis, la vengeance divine, brandissant une torche et des flèches, s'avance en criant, sous le regard des dieux de l'Olympe qui apparaissent au milieu des nuages.
Pierre-Auguste Renoir (1840-1926) : Gabrielle au Chapeau.
Frédéric Bazille (1841-70) : Fleurs (1868)
Paul Gauguin (1848-1903) : Portrait de Madeleine Bernard (1888). Deux peintures recto-verso.
-La Rivière blanche (verso du tableau Madeleine Bernard).
Charles Caius Renoux (1795-1846) : Moines dans une église gothique en ruines. Peinture "troubadour".
Francesco Foschi (mort en 1805) : Paysage montagneux sous la neige, avec diligence.
-Paysage de neige avec Torrent et Cascade.
-Paysage de neige avec Rochers et Voyageurs.
Salles du XXe siècle
Pierre Bonnard (1847-1947) : Intérieur blanc (1932)
Paul Klee (1879-1940) : Paysage à l'Enfant (1923)
Francis Picabia : Idylle (1927)
Fernand Léger (1881-1955) : Le Remorqueur (1920) - La Danse (1929)
Marcel Gromaire (1892-1971) : Nu au Tapis d'Orient (1926)
Chaïm Soutine (1893-1943) : Le Boeuf écorché (1925)
Jean Dubuffet : Mire (Boléro) (1984) - Dramatique I.
Joan Mitchell (1926-92) : Quatuor II for Betsy Jolas (1976)
Exposition temporaire : « Chagall et l’Avant-Garde russe »
Plus de 150 pièces issues de la collection d'art russe du Centre Pompidou seront présentées par le musée, tandis que les œuvres de 24 artistes de renom comme Kandinsky, Natalia Gontcharova, ou Mikhaïl Larionov, pour n'en citer que quelques uns, se réuniront autour de son travail.
Marc Chagall (1887-1985) : Double portrait au Verre de Vin (1917-18 - Centre Pompidou).
Acquisitions récentes :
Claude-Marie Dubufe (1790-1864) : Les petits Savoyards (1820). Acquis en 2020
Au sous-sol, deux salles sont consacrées aux antiquités égyptiennes.
Autour du musée : un jardin de sculptures monumentales contemporaines
Oeuvres de : Marcel Gimond - Robert Wlérick - Ossip Zadkine - Bernard Venet - George Rickey - Richard Nonas - Eugène Dodeigne - etc.
Au sous-sol, deux salles sont consacrées aux antiquités égyptiennes.
Autour du musée : un jardin de sculptures monumentales contemporaines
Oeuvres de : Marcel Gimond - Robert Wlérick - Ossip Zadkine - Bernard Venet - George Rickey - Richard Nonas - Eugène Dodeigne - etc.
Informations complémentaires sur le musée de Grenoble et ses collections
2 commentaires:
Très beau musée. Papier très bien documenté, comme d'habitude. Toutefois une petite erreur semble s'y être glissée : le Samson et Dalila que vous citez n'est pas de Salvator Rosa mais de son homonyme moins célèbre Francesco Rosa comme l'indique la fiche du tableau sur la base Joconde.
Cordialement,
Tancrède.
Merci de m'avoir signalé cette erreur que je me suis empressé de corriger.
J'ai parcouru le musée dans des conditions inhabituelles et mes notes étaient très incomplètes...
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