J'ai toujours été fasciné par l'histoire de ce "collectionneur fou" et génial, dont les magnifiques collections, grâce à Napoléon III, ont enrichi les musées français.Voici une brève histoire de :
Giovanni Pietro Campana, marquese di Cavelli (1807-80) (il a été fait marquis de Cavelli en 1849, par Ferdinand II de Naples, roi des Deux-Siciles), l’un des plus grands collectionneurs du XIXe siècle, naquit dans une famille bourgeoise de Rome. (Son père était déjà un collectionneur passionné de numismatique)
Riche de ses revenus fonciers et industriels (il possédait une grande fabrique de marbre), Giampietro Campana assurait aussi la fonction honorifique de directeur du Mont de Piété de Rome, banque de dépôt des finances pontificales.
Sa curiosité était encyclopédique et sa passion de collectionneur illimitée : sculptures et vases étrusques ou romains, terres cuites, bijoux, verres antiques, majoliques, bronzes et peintures. Près de 15 000 œuvres s’entassaient dans ses palais romains, et provenaient tant de ses achats réalisés dans toute l’Italie, que des produits de ses fouilles entreprises en Italie centrale et dans le sud du pays. Parmi lesquelles : 3 000 vases – 500 bronzes – 2 000 terres cuites - 700 faïences - 400 marbres antiques, etc.
Il s’intéresse aussi aux peintures italiennes du XIVe et XVe s., ce qui était assez original à l'époque. Il rassemble des chefs-d’œuvre (641 tableaux en tout).
Le marquis menait un grand train de vie, et la renommée de sa collection dépassait largement les frontières de l’Italie. Mais son ambition fut telle que sa fortune n’y résista pas. Il avait obtenu du Ministère des Finances Pontificales l’autorisation de se faire son propre prêteur sur gage : en quelques années, il n’y eut plus de liquidité au Mont de Piété. Un déficit près de 1 million d'écus romains (environ 4 millions de francs-or de cette époque) fut constaté lors d’une inspection. Campana avait vidé les caisses de la banque vaticane...
En 1857, le marquis fut arrêté, jeté en prison pour détournement de fonds, et au terme d’un long procès, il fut condamné à 20 ans de galère par le pape Pie IX, peine commuée en bannissement perpétuel et confiscation des biens, après l’intervention de Napoléon III.
Emily Rowles, l’épouse du marquis (il a épousé Emily Rowles, anglaise, en 1851) avait de solides relations avec Napoléon III. En 1846, sa mère avait aidé le futur empereur à s’évader du fort de Ham (déguisé en ouvrier "Badinguet"). Puis elle lui avait prêté de l’argent pour son coup d’Etat de 1851.
En 1861, l’Empereur Napoléon III achète la plus grande partie de la collection (sur les conseils d'Emilien de Nieuwerkerke, Surintendant des Beaux-Arts) : 11 835 œuvres d’art et 641 tableaux, pour 4 360 400 francs-or (somme considérable pour l'époque). (Quelques œuvres ont été achetées avant la vente par les Russes (plus de 700 œuvres) - et les Anglais).
Malgré la volonté de l’empereur qui souhaitait que les collections soient présentées en un seul lieu (elles sont exposées au Palais de l’Industrie sous le nom de musée Napoléon III, en 1862), les tableaux sont dispersés dans une centaine de musées. Dispersion en 3 temps : 1863, 1872, 1876.
Le Louvre ne garde qu’une centaine de tableaux du Trecento et du Quattrocento de cet ensemble unique.
Les objets - Selon leur nature, ils sont conservés :
- au Louvre (dont l'important ensemble de 3 500 vases grecs et terres cuites). Depuis 1998, la galerie Campana, composée de trois salles, présente environ mille céramiques grecques.
- dans d'autres musées, de différentes villes de province, comme le Musée de l'Hôtel Sandelin, à Saint-Omer qui a récolté 80 très belles pièces... Egalement au musée Henri Martin de Cahors (céramiques antiques), de Boulogne-sur-Mer, Lyon, Orléans, Tours, Nice, Nancy, Chambéry, etc.
En 1955, 300 panneaux de primitifs italiens, qui avait été dispersés dans divers musées de province, sont rassemblés au Petit Palais d’Avignon. L'ouverture du musée a eu lieu en 1976. Ces collections ont une double origine : un dépôt du musée Calvet (Pour compléter cet important ensemble de peintures du Moyen Age et de la Renaissance italienne, le musée Calvet mit en dépôt une partie de ses sculptures médiévales et les peintures de l’école d’Avignon) - et la collection Campana, dont provient la majorité des peintures italiennes (quelque trois cents œuvres).
Quelques oeuvres de la collection Campana :
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Le Sarcophage des Époux – Urne funéraire provenant de Cerveteri. Art étrusque (c. 520 avt JC) (Louvre)
L'un des 3 000 vases grecs de la collection Campana - Peintre de Taléidès : Dispute du trépied entre Apollon et Héraclès (vers 520 avant J.C. - Louvre)
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Plaque Campana. Cortège de jeunes Bacchants et Bacchantes ivres. Le style est celui des créations néo-attiques des artistes grecs travaillant en Italie à la fin de la République et au début de l'Empire. (Louvre)
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Boucles d’oreille en or – tête de lion (4e-3e s. avt JC - Louvre)
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Statue d'éphèbe, traditionnellement identifiée comme un Narcisse ou un Hyacinthe. Marbre, copie romaine (vers 100 ap. J.-C.) d'après un original grec de la fin du Ve siècle av. J.-C. (Louvre)
Bernardo Daddi (1290-1348) : L’Annonciation (c. 1335 - Louvre)
Domenico di Tommaso Curradi di Doffo Bigordi (Domenico Ghirlandaio) : La Vierge et l'Enfant avec le jeune saint Jean-Baptiste et trois anges. (c. 1490 – Louvre)
Taddeo di Bartolo : Vierge à l'Enfant (1400 – Avignon, Petit-Palais)
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2 commentaires:
je reste indécis sur la facture d'Artémisia dans cette "allégorie" quelque peu renversée . on nous a donné à voir jusqu'à présent un autoportrait d'Artémisia à son chevalet pour le même titre . , pouvez vous m'éclairer ?
Désolé, je n'ai pas compris votre remarque, ni votre question. Dans ce billet "Campana" il n'est pas question d'Artemisia...
De quoi parlez-vous ? Dans quel billet est-il question d'une allégorie d'Artemisia ?
Cordialement
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