vendredi 16 octobre 2009

3 - La hiérarchie des genres

La hiérarchie des genres en peinture, de André Félibien jusqu'au siècle des Lumières

Les Académies Royales de peinture et de sculpture furent créés en 1648, par Louis XIV dans le but de garantir aux peintres et sculpteurs le statut d'artiste qui leur était alors contesté. L'académie pourvoyait donc à la formation technique (apprentissage du dessin, de l'anatomie, de la couleur...) et culturel (familiarisation avec les sujets de l'antiquité, les grands auteurs...) des jeunes artistes.



1648Fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Les académies ne sont pas un instrument de blocage pour les artistes. Avant, la corporation des peintres était régie par une ordonnance de 1391. Les peintres et les sculpteurs dépendaient des maîtrises. Les académies libèrent les artistes de cette dépendance.


1666Création de l’Académie de France à Rome (sur l'initiative de Le Brun et Colbert).
Cursus habituel d’un artiste de l’Académie :
1 – Obtenir le Grand Prix de Rome
2 – Faire le séjour à Rome
3 – Obtenir l'Agrément par l’Académie. Cela lui donne le droit d’exposer au Salon.
4 – Etre reçu par l’Académie, en présentant un "Morceau de Réception". Cela lui permet d’obtenir des commandes royales.


1793 - L’Académie royale de peinture et de sculpture est supprimée par David et Greuze.


En France, au 17e siècle, la peinture est codifiée, les genres de peinture sont hiérarchisés.
La hiérarchie des genres a été codifiée en 1667, par André Félibien (historiographe, architecte et théoricien du classicisme français) dans une préface des Conférences de l'académie :

« Ainsi celui qui fait parfaitement des paysages est au-dessus d'un autre qui ne fait que des fruits, des fleurs ou des coquilles. Celui qui peint des animaux vivants est plus estimable que ceux qui ne représentent que des choses mortes et sans mouvement ; et comme la figure de l'homme est le plus parfait ouvrage de Dieu sur la terre, il est certain aussi que celui qui se rend l'imitateur de Dieu en peignant des figures humaines, est beaucoup plus excellent que tous les autres. Cependant quoi que ce ne soit pas peu de chose de faire paraître comme vivante la figure d'un homme, et de donner l'apparence du mouvement à ce qui n'en a point ; Néanmoins un Peintre qui ne fait que des portraits, n'a pas encore atteint cette haute perfection de l'Art, et ne peut prétendre à l'honneur que reçoivent les plus savants. Il faut pour cela passer d'une seule figure à la repré­sentation de plusieurs ensemble ; il faut traiter l’histoire et la fable ; il faut représenter de grandes actions comme les historiens, ou des sujets agréables comme les Poètes ; et montant encore plus haut, il faut par des compositions allégoriques, savoir couvrir sous le voile de la fable les vertus des grands hommes, et les mystères les plus relevés. L'on appelle un grand Peintre celui qui s'acquitte bien de semblables entreprises. C'est en quoi consiste la force, la noblesse et la grandeur de cet Art. Et c'est particulièrement ce que l'on doit apprendre de bonne heure, et dont il faut donner des enseignements aux Élèves. »

Les genres étaient classés en fonction de leurs difficultés. Ainsi, la peinture d'histoire était considérée comme étant le genre le plus difficile car demandant aux peintres le plus de compétences (composition, paysage, nature morte, anatomie, portrait...). La peinture d'histoire contient, a priori, tous les autres genres qui lui sont subordonnés. Aussi, au XIXe siècle, le public prêtera de moins en moins attention à ces normes, et ce seront, par exemple, les artistes romantiques qui seront les premiers à se revendiquer réellement paysagiste.

Parmi les cinq principaux genres de peinture, le statut de la peinture d’histoire est dominant.
Selon une hiérarchie académique instituée ,
la peinture d’histoire, ou peinture historique, ou Grand Genre, recouvre les domaines les plus nobles de la peinture : la peinture d'histoire, religieuse ou mythologique.
Elle s’inspire de scènes issues de l’histoire chrétienne, de l’histoire antique (Mésopotamienne, Egyptienne, Grecque, Romaine, …), de la mythologie, ou d’évènements historiques récents.
L'artiste se doit d'être humaniste autant que peintre. Ce goût pour la peinture d'histoire reste vif durant tout le XIXe siècle, ainsi qu'en attestent les fresques, alors fameuses, réalisées par Paul Delaroche pour décorer l'école des Beaux-arts de Paris (1841).

1 Le Grand Genre, ou genre noble : la peinture d’histoire, qui consiste à représenter des actions humaines qui dépassent l’ordinaire
(héroïsation). La peinture d’histoire recouvre les « sujets » suivants :
a – La peinture religieuse

Valentin de Boulogne (1594-1632) : Le Jugement de Salomon (1635 – Louvre)


b – La peinture mythologique
François Lemoyne (1688-1737) : Hercule et Omphale (1734 – Louvre)

c – La peinture historique : antique ou moderne Charles Le Brun (1619-90) : Entrée d'Alexandre dans Babylone (1665 - Louvre)

2Le Portrait, portrait de groupe, ou autoportrait
Le directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture est toujours un peintre d’histoire, ou à la rigueur un peintre de portraits.

Philippe de Champaigne 1602-74) : ‘'L'Ex Voto de 1662’’ (1662 – Louvre)

Les petits genres ou genres mineurs (selon la conception du XVIIe s.).
3La scène de genre : représente des scènes de la vie quotidienne contemporaine.

François Boucher (1703-70) : Le Déjeuner (1739 – Louvre)

4Le paysage
Claude Gellée, dit Claude Lorrain (1600-1682) : La Fête villageoise (1639 – Louvre)

5 – La nature morte. Genre le moins prestigieux.
Seul genre où les femmes étaient admises, au début.

Jan Davidsz de Heem (1606-83) : Un Dessert (1640 – Louvre)

La peinture animalière est associée au 5e genre. Cependant, le peintre animalier qui représente des animaux vivants est plus estimé que le peintre de natures mortes.

Alexandre-François Desportes (1661–1743) : Cerf aux abois (1729 - coll. part.)



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