Musée des Beaux-Arts de LIBOURNE
Au second étage de l'Hôtel de ville.
(département : Gironde)
Dernière visite de la collection de peintures du musée de Libourne en août 2012 : les salles ont été rénovées et de nombreuses peintures restaurées.
Surprenant petit musée qui contient quelques œuvres de grande qualité. (Voir petits catalogues).
C’est le duc Decazes qui dota Libourne de son musée. La générosité du puissant ministre de Louis XVIII se manifesta d’abord par des dons personnels, en particulier deux petits panneaux du XVIIe siècle de Jan van der Straert et une œuvre moderne de P.N. Bergeret, L’Enfance de Montaigne. Puis, en 1820, l’État fit un premier envoi de toiles anciennes (Bassano, Lagrenée…) cependant qu’était donné à l’église Saint-Jean un chef-d’œuvre de Manfredi, Jésus chassant les marchands du temple, aujourd’hui exposé au musée. C’est également à cette époque que fut attribué à Libourne le groupe de La France éplorée devant le buste de Louis XV (modèle original de Falconet présenté au Salon de 1747, et réalisé en marbre dix-sept ans plus tard par Pajou et Dumont). Par la suite, la collection ne cessa de s’enrichir par dépôts successifs de l’État en 1837 (C. Molenaert), 1872 (J. Jordaens, Trois têtes de vieillards), 1877, 1880 (Éd.-L. Dupain : Les Girondins Pétion et Buzot le soir du 30 Prairial), 1956 (J.L. Brown), 1965 (Foujita, L’Amitié), etc.
De son côté, la ville procéda à des achats et bénéficia de dons et de legs qui sont à l’origine des fonds représentatifs des artistes libournais.
La spécificité du musée de Libourne est en mesure de présenter l’ensemble le plus représentatif d’œuvres de René Princeteau : 26 toiles, plus de 200 dessins et quelques sculptures. Issu d’une riche famille libournaise, Princeteau (1843-1914) réussit, en dépit de son infirmité (il était sourd-muet de naissance), une belle carrière de peintre mondain dans la haute société parisienne. Il dut son succès à un exceptionnel talent pour peindre les chevaux de courses. Cette passion le lia avec Henri de Toulouse-Lautrec dont il fut l’ami et le premier maître.
De nombreuses œuvres proviennent d’un dépôt de la ville de Créon, en raison d’un legs très important d’un collectionneur de la fin du XIXe (Bertal, en 1895). Cette collection, à l’origine composée de plus de 400 tableaux, a été malheureusement en grande partie dispersée.
Dans le hall, au pied de l’escalier :
Séraphin Denecheau (1831-1912) : Bacchus. Marbre.
Etienne-Maurice Falconet et Augustin Pajou : La France éplorée devant le buste de Louis XV. Marbre.
Pierre-Jules Geneste : Vue du Port de Libourne
J.-Gabriel Domergue (1889-1962) : En Visite. Portrait de femme prenant le thé.-La famille du peintre.
Edmond-Louis Dupain (1847-1935) : Les Girondins Pétion et Buzot le soir du 30 prairial (1880). Ce tableau évoque la fin de deux députés Girondins qui avaient tenté d'échapper à la condamnation organisée par les Montagnards en 1793.
Matteo di Giovanni (1430-95) : "Histoire de Romus et Remulus". Plusieurs petits panneaux récemment restaurés. (Propriété de la commune de Créon - legs Bertal en 1895).
Légende de Romulus et Rémus : L'Accouchement de Rhéa Sylvia.
Légende de Romulus et Rémus : Les Jumeaux recueillis par le berger Faustulus. La légende de Romulus et Rémus, fondateurs légendaires de Rome, est contée par Tite-Live (I, 4) et Plutarque (II, 4-6). Fille d'un roi d'Albe, Numitar, la vestale Rhéa Sylva justifie sa grossesse en déclarant avoir été violée par Mars, dieu de la guerre. Elle fut jetée en prison et ordre fut donné de noyer ses enfants dans le Tibre. Mais Amulius déposera les jumeaux sur les bords du fleuve en crue dont les rives étaient inondées. Lors de la décrue, les enfants restèrent accrochés aux branches d'un figuier, au pied du mont Palatin. Ils survécurent, élevés par une louve et un pivert qui veillaient sur eux et leur apportaient à manger. Puis le berger Faustulus les découvrit et les confia à sa femme, Acca Larentia. Arrivés à l'âge d'homme, Romulus et Rémus décidèrent de fonder une ville sur l'île du Tibre où les dieux leur avaient sauvé la vie. Mais chacun voulut en être le roi. Romulus traça un sillon et un muret symboliques, Rémus les franchit d'un bond et Romulus le tua.
Michelangelo di Pietro Membrini (1489-1521) - 3 Scènes de la vie de saint Dominique : Les Docteurs de l’Église (en haut – acquis en 2020)
Michelangelo di Pietro Membrini : Croisade des Albigeois, l’épreuve du feu (en bas à droite)
Michelangelo di Pietro Membrini : Résurrection de Napoleone Orsini (en bas à gauche)
Jean-Charles-Nicaise Perrin (1754-1831) : L’Etat primitif de l’Homme. Grand format, récemment restauré.
Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson (d’après) : Atala au tombeau. Format réduit.
J.-Pierre Granger (1779-1840) : Nymphe et Amours.
Antoinette-Cécile-Hortense Haudebourg-Lescot (1784-1845) : Les premiers pas de l’enfance. Scène de genre.
Carlo Cignani (16281719) : Danaé et l'Amour.
Pierre-Roch Vigneron (1789-1872) : Christophe Colomb montrant ses fers à Ferdinand et Isabelle.
Benjamin de Rolland (1777-1855) : Réception à Bordeaux du duc et de la duchesse d’Angoulême, venant présider les élections législatives en 1815. (1817)
Anonyme (18e) : Portrait de femme en Flore.
Jan Mytens (17e) : Portrait de femme en Diane.
Pierre-Jean Fournier (1740-93) : Le Port de Libourne.
Ec. de Charles Le Brun (1619-90) : La Pentecôte. Grande composition religieuse.
Jacopo da Ponte, dit Jacopo Bassano (1510-1592) : Le Retour du fils prodigue. Belle œuvre de grand format. Legs Bertal. Composition étonnante qui rappelle celles de Snyders. La scène principale est rejetée à l'arrière plan, au fond à gauche : le père, debout sur le seuil de sa maison, accueille son fils agenouillé devant lui. Le premier plan est occupé par une scène de genre : dans un intérieur de paysans aisés, chacun est occupé à une tâche particulière, dans la préparation du repas. A droite, deux femmes et un enfant devant la cheminée, la plus jeune semble faire griller des poissons. A gauche, la salle est ouverte sur l'extérieur, de façon artificielle et conventionnelle. Au centre, un homme dépèce un animal, fixé sur le flanc de la cheminée qui est dans l'axe médian du tableau. Les personnages ne se regardent pas. Répartition soigneuse des couleurs. Importance des rouges (vifs, vermillon), et des verts (intenses) : couleurs complémentaires. Les taches vertes sont plutôt rassemblés dans la moitié gauche du tableau : le béret et le pourpoint du garçon, la nappe, et la manche de l'homme au centre. Les taches rouges sont plutôt rassemblées à droite : Le bonnet rouge de l'homme au centre (qui semble ainsi faire la transition entre les deux zones et les deux couleurs), la robe de femme et les habits du garçon. Cependant, un tache rouge à gauche (le bonnet de l'homme derrière le père), et une verte à droite (la robe de la femme âgée), montrent le soin avec lequel le peintre a équilibré ses couleurs. Une dominante brune occupe les autres espaces du tableau.
Giovanni Beinash (Attr.) : Piéta.
Claes Molenaer (1630-76) : Paysage d'hiver.
David Teniers II le jeune (1610-90) (d’après) : Intérieur de cabaret avec fumeurs.
Andrea Lucatelli (1693-1741) : Paysage à l’Idylle.
Giovanni Battista Tiepolo ( ?) : Apothéose de St Joseph, St Louis de Gonzague et St François de Paul. Esquisse.Cornelis van Poelenburgh (1586-1667) : Vue de fantaisie du campo Vaccino à Rome. Beau paysage de ruines lumineux ; au centre, au loin, le château St-Ange.
Ec. allemande (16e) : La Crucifixion. Suiveur de Cranach
Ec. de Fontainebleau (16e) : La Multiplication des pains.
Ec. florentine (15e) : Vierge à l’enfant au chardonneret.
Ec. de Sienne (14e) : Vierge à l’enfant.
Ec. de Sienne (14e) : Vierge à l’enfant entre Chérubins et Séraphins.
Bartolomeo Manfredi (1580-1620) : Jésus chassant les Marchands du Temple. Autre œuvre de grande qualité. Œuvre typiquement caravagesque, à la composition décentrée, comme la "Flagellation de Jésus" (Caravage, Rouen). A gauche, Jésus, vêtu de rouge, lève son bras armé d'un fouet ; les visages de deux disciples sont dissimulés par le bras. A droite, un groupe de six marchands se replie en désordre ; à l'extrême droite, les manches rouges d'un marchand viennent équilibrer la tunique de Jésus. Au premier plan, un jeune homme, vu de dos (partiellement dénudé): procédé emprunté au Caravage. Au premier tiers gauche, une porte entrouverte sert de séparation entre les deux groupes de personnages ; dans l'entrebâillement de la porte, l'autoportrait probable de l'artiste, observant la scène. Les visages des trois marchands qui regardent Jésus, sont disposés selon une ligne courbe descendant vers la droite qui accentue l'idée de fuite.
L'artiste a peint 3 tableaux sur ce thème. Cette toile aurait été saisie en 1798 par les troupes napoléoniennes, et déposée pa l'Etat en 1819 à l'église St-Jean de Libourne, sur l'intervention du duc Decazes, alors ministre de l'intérieur.
Anonyme (16e) : Portrait de femme. Joli.
Jacob Jordaens (1597-1678) : Etude pour un triple portrait d'homme âgé et barbu. Trois angle différents : profils gauche et droit, et vue de face. Superbe travail : coups de pinceaux vifs, nerveux, précis. Grande élégance. Maîtrise parfaite.
Jan van der Straet ((1523-1605) : Cheval sicilien – Cheval espagnol.
Théophile Lacaze (Libourne 1799-1846) : Plusieurs œuvres.
-Autoportrait - Le Baptême de Clovis - Hébé (pastel) – Adoration des Mages (aquarelle) - etc.
Anonyme italien : Vénus commande à Vulcain des armes pour Enée.
Louis Jean-François Lagrenée (1725-1805) : (Premier directeur de l'Académie de Saint-Pétersbourg) Fabricius refusant les présents de Pyrrhus (1777). Belle composition. Cette œuvre, par certains côtés (en particulier, le thème et la composition), semble proche du néoclassicisme, tout en étant d'une facture encore liée au 18e siècle (couleurs). A droite, Pyrrhus, roi d'Epire (homme âgé), tente de corrompre Fabricius, délégué de Rome, en lui offrant de nombreux présents (au premier plan, deux hommes déballent des vases précieux). Fabricius refuse, d'un geste hautain. Les deux personnages principaux semblent juchés sur une estrade : composition très théâtrale.Charles François Grenier de la Croix, dit Lacroix de Marseille : Les Cascades de Tivoli. (Propriété de la commune de Créon ; legs Bertal en 1895).
Coypel : Vision de Sainte Catherine de Sienne.
Jean Jouvenet : Portrait de l'archevêque Philarète.
Raphaël Mengs : Deux allégories. Legs Bertal.
"Les quatre Arts libéraux". L'Astronomie.
Raphaël Mengs : La Musique (sous les traits d'Apollon, dénudé, vêtu d'un voile rose, il s'appuie sur sa lyre).
J.-Pierre Granger (1779-1840) : Nymphes et Amours.
Jean-Germain Drouais (18e) : Scène antique
René Princeteau (Libourne 1843 - Fronsac 1914) : Initia Toulouse-Lautrec à la peinture de chevaux. Plusieurs œuvres permettent de mesurer les limites de cet artiste. Les esquisses sont de meilleure qualité.
-Promenade des chevaux au bord de la mer à Dieppe, ou l'Orage -
-Le portrait du général Princeteau. Toile d'une assez belle facture académique.
Quelques grandes compositions, représentant des courses hippiques, sont médiocres : Les chevaux sont stéréotypés, raides, traités de façon conventionnelle et répétitive ; ils ne sont pas personnalisés et semblent "découpés" sur le fond. La composition est faite de scènes "pittoresques", à la limite de la caricature, avec des chutes de chevaux et de cavaliers dans des positions grotesques.
En revanche, quelques études de petit format, comme Le Cavalier blessé, sont assez bien venues ; en tout cas, plus intéressantes.
-Eglise de Fronsac (intérieur) – Le Labourage – Le Bœuf qui se gratte
René Princeteau : L’Arrivée au Pressoir. Grand format.
– Les Chevaux et le Lapin – Promenade sur les dunes – etc. René Princeteau : Patrouille de Uhlans prise dans une embuscade (1872). Toile originale et étonnante de vigueur.
Roland Houdot (1897- ) : Nu couché.
Raoul Dufy : Nu couché - Hommage à Derain - Le Haras du Pin.
Moïse Kisling (1891-1953) : La Délaissée.
François Desnoyer (1894- ) : Vue sur le port de Sète.
J.-Marie Poumeyrol (Libourne 1946- ) : Grenouilles et bocaux.
Edouard Pignon : La Bastide.
Luc Albert Moreau (1882-1948) : Boxeur K.O.
Roland Oudot (1897-1981) : Nu féminin couché.
Yves Brayer (1907-90) : Le Pont Henri IV. Pont Neuf. Proche de Marquet.
Daniel Vasquez Diaz (1882-1968) : L’Idole gitane – Matador.
Henriette Desportes : Musiciens arabes. Orientaliste. (1913)
Willem Van Herp le Vieux : Le Jugement de St Antoine de Padoue. (Propriété de la commune de Créon ; legs Bertal en 1895).
Hendrick Van Steenwick le Vieux (atelier) : Vue de l'intérieur d'une église gothique en Hollande. (Propriété de la commune de Créon ; legs Bertal en 1895).
Plusieurs peintures "troubadour" (Lacaze). Des œuvres en relation avec l'histoire de la ville ou de la Gironde.
Une salle consacrée aux dessins :
Œuvres de Princeteau, et gravures de Dürer, Schongauer, etc.
Henri de Toulouse-Lautrec : Au Cabaret. Aquarelle.
Nicolas de Staël : Nu. Encre.
Kees van Dongen : A l’Opéra. Aquarelle.
Sculptures :
Jules Rouleau : La Liberté domptant l’Amour. Plâtre.
2 commentaires:
Je note donc que le musée doit beaucoup à Elie Decazes au temps où il fut un puissant ministre de Louis XVIII. Ce qui prouve que la volonté politique agit beaucoup sur les musées (le Louvre par exemple).
C'est exact.
De nombreux musées doivent leurs richesses à des collectionneurs généreux (ex. : Cherbourg), mais certains ont été soutenu à leurs débuts par une volonté politique (exemple : Tours).
Le rôle de Bonaparte, sous le Consulat, est le cas le plus marquant
Enregistrer un commentaire